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tal en vue d’aider Jean, Pierre ou Paul. Il n’y a pas de combinaison qui puisse suppléer la prévoyance des ancêtres, quand par malheur elle fait défaut.

Le travailleur sans capital, ou prolétaire, est tenu d’emprunter les outils qui appartiennent à un autre homme, et d’en payer la location sur son salaire. Cette nécessité réduit son gain à la moitié, au quart, quelquefois au dixième de ce qu’il gagnerait s’il employait ses propres capitaux. Tel est le cas du petit détaillant qui emprunte mille francs pour s’établir, et de l’ouvrier de manufacture qui emprunte au patron un outillage de plusieurs millions pour gagner trois francs par jour.

En tout état de cause, l’ouvrier se croit volé parce qu’il s’exagère la valeur de son travail et qu’il déprécie le travail de son collaborateur, le capital. Souvent même il se croit assassiné par le capitaliste, et cette erreur est surtout fréquente chez l’ouvrier le plus civilisé. Comme il a plus de besoins qu’un manœuvre ou un paysan, il est plus difficile à contenter, et très-sincèrement il croit manquer du nécessaire lorsqu’il gagne deux et trois fois plus qu’un garçon de charrue. Il crie, et de bonne foi, qu’on l’égorgé, que les patrons se nourrissent de sa chair et s’abreuvent de son sang. Objectez-lui la loi de l’offre et de la demande, il la nie et répond par la métaphore de l’outil vivant :