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une deuxième paire de bras qui travaillera pour toi seul. Tu pécheras avec plus de profit, grâce à moi : tu me dois donc une part du gain que je te procure. » En vertu de ces raisons, qui sont irréfutables, l’emprunteur des cent francs promet d’en rendre cent cinq au bout de l’année. Les cent cinq francs appartiennent-ils légitimement au prêteur ? En est-il le maître absolu ? Est-il libre de consommer l’intérêt de son petit capital ? Et s’il se prive du plaisir de le consommer, s’il l’épargne, est-il libre de replacer capital et intérêts, de rendre un service plus grand moyennant une rétribution plus forte, d’empocher un an plus tard cent dix francs vingt-cinq centimes ?

Et si cet homme vit assez longtemps pour qu’à force de travailler, d’épargner et de prêter, il réalise une somme de mille francs, n’est-il pas le seul être au monde qui ait des droits sur ce capital ? S’il lui plaisait d’en faire une bouchée, le genre humain n’aurait rien à dire, pas plus que s’il avait mangé le sixième poisson le jour où l’idée d’épargne lui est entrée dans l’esprit. A plus forte raison est-il libre de disposer de son bien, soit par donation soit par testament, et de transmettre à un fils ou à un ami cet instrument de travail qui est l’œuvre de sa vie.

Le donataire ou l’héritier, s’il suit la même mé-