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INTRODUCTION.

tiples, plus complexes et plus infinis que la cargaison d’un navire, quel qu’il soit.

Et si l’homme était réellement livré à ses ressources personnelles ? Si l’on supprimait le navire ?

Supposez l’île aussi riche que vous voudrez : dix mètres de terre végétale sur toute la surface du sol, et tous les arbres que la terre produit sans culture. L’eau fourmille de poissons, l’air est peuplé d’oiseaux, la forêt abonde en gibier de toute sorte. Mais le gibier, non plus que le poisson, ne court au-devant de la mort ; il faut des armes, des pièges, des engins pour le prendre. Mais les fruits naturels du sol sont généralement insipides et quelquefois vénéneux. Enfin l’homme ne peut pas vivre d’aliments crus, et le feu manque. Le feu ! une bagatelle pour le Parisien qui a des allumettes chimiques dans sa poche et qui rencontre des cigares allumés tout le long de la rue. Mais égarez-vous seulement dans le bois de Vincennes, soyez surpris par la nuit, ayez froid et cherchez à faire du feu comme les sauvages, en frottant deux morceaux de bois. L’épuisement viendra plus tôt que l’étincelle.

La construction du moindre abri, fût-ce un simple hangar de branches entrelacées, suppose une hache, un couteau, un instrument de fer ou