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millions à lui seul n’a pas besoin d’augmenter sa richesse ; il ne songe qu’à la placer le plus sûrement possible et à jouir du revenu. Son capital, prêté à 4 ou 5 pour 100, lui donne quatre ou cinq millions de rente. Un seul homme ne peut dépenser tant d’argent sans en jeter beaucoup par la fenêtre : la moindre part du revenu sera utilement employée ; le plus gros lot s’en ira en dépenses improductives. Et tandis qu’un individu gaspillera, sans profit pour la société humaine, la nourriture de deux ou trois mille familles, ceux qui possèdent un capital de six francs, comme le chiffonnier et bien d’autres, produiront péniblement et peu, faute d’un outillage suffisant ; ils consommeront à peine le strict nécessaire : ils craindront de prendre à leur charge une femme et des enfants, qu’ils ne pourraient nourrir. J’admets que le centuple millionnaire procrée autant de fils et de filles que la nature voudra bien lui en donner ; quand même il aurait douze enfants (ce qui n’est guère en usage chez les riches), ces petites demoiselles et ces petits messieurs causent innocemment un énorme dommage à la société ; ils lui coûtent plusieurs milliers de plébéiens, que l’énormité de leur patrimoine a empêchés de naître.

Supposez que les cent millions de M. X ou de M. Z soient divisés en cinq mille parts de vingt