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naux, digues, maisons, hangars, troupeaux au pâturage, étangs empoissonnés, champs défrichés, arbres greffés, que sais-je encore ? Ce percheron attelé à une charrette, c’est un capital qui en traîne un autre.

Mais si le moindre instrument de travail est un capital, tous les hommes sont donc capitalistes ? Oui, presque tous, mais dans des proportions terriblement inégales. Entre le chiffonnier qui possède un outillage de six francs et le banquier qui dispose de cent millions, l’inégalité est effrayante. On doit déplorer ces contrastes ; on le doit d’autant plus que la trop grande inégalité dans la répartition de la richesse arrête l’accroissement de la population. Il faut, dans la société, de grands capitaux disponibles ; il le faut dans l’intérêt du prolétaire lui-même, pour qu’il puisse être payé de ses peines au jour le jour. Si le maçon qui travaille aux fondations d’un édifice, si le laboureur qui sème le blé, devaient vivre à crédit, l’un jusqu’à la récolte, l’autre jusqu’à la réception du bâtiment, ils auraient tout le temps de mourir de faim l’un et l’autre. Ils vivent par la grâce de quelque gros capital qui leur avance le pain quotidien. Mais, d’un autre côté, il est facile de comprendre pourquoi la population tend à décroître dans les pays où la disproportion des fortunes est énorme. L’individu qui détient cent