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rir sur un chemin de fer cinquante wagons chargés de ballast, c’est un gros capital qui les traîne et qui fait en une heure de temps la besogne que deux cent mille mains ne feraient pas dans l’année.

Les premières fileuses ont tordu l’étoupe avec leurs doigts, sans autre outillage. Ce qu’elles gagnaient à ce métier-là, je vous le laisse à penser. Le jour vint cependant où quelqu’une de ces infortunées épargna sur ses gains le prix d’un fuseau. Un fuseau ! petit capital ! qui aide cependant, et qui rapporte. Sur les humbles produits du fuseau, on économise à la longue le prix d’un rouet. Et plus tard, quand l’épargne a créé les gros capitaux, vous voyez, rien qu’en Angleterre, 30 millions de fuseaux tourner tout seuls, et produire plus de fil en un jour que toutes les fileuses du monde n’en pourraient tordre en dix ans avec leurs doigts. Or il ne faut que 450 000 personnes pour diriger ces 30 millions de fuseaux ; donc chaque travailleur, homme, femme ou enfant, en conduit 66 en moyenne. Et si vous tenez compte de la rapidité vertigineuse de ce travail et de sa perfection féerique, vous verrez que la production quotidienne de l’individu n’est pas seulement multipliée par 66, mais plusieurs fois centuplée, grâce au capital.

Étant donnés deux hommes de même force, travaillant d’un égal courage pendant le même nom-