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mes était seulement dix fois plus riche qu’elle n’est ? La journée de travail pourrait être réduite de dix heures à une seule ; ou bien, celui qui travaillerait dix heures obtiendrait dix fois plus de biens en échange de son labeur.

Rigoureusement, vous avez le droit de consommer au jour le jour tout ce que vous avez produit, mais le raisonnement et l’expérience vous prouvent que les fruits de votre travail, accumulés par l’épargne, deviennent les instruments d’un travail plus facile et plus lucratif.

Il fut un temps où l’homme qui voulait déplacer un tas de sable, grattait le sable avec ses ongles, et l’emportait petit à petit dans ses deux mains. Voilà l’enfance de l’industrie, le travail avant la création du capital.

Le jour où ce terrassier primitif a su épargner, soit le temps de fabriquer une pioche et un panier, soit le moyen de les obtenir par voie d’échange, il a été mieux armé contre la nature. Ce petit capital, si misérable qu’il vous paraisse, lui a permis de faire plus de besogne avec moins d’effort, et de gagner une meilleure journée.

S’il persévère dans son épargne, il échangera le panier contre une brouette, qui est un capital plus lucratif. A la brouette succède le tombereau, et le progrès ne s’arrête pas là. Quand vous voyez cou-