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individus jeûneront tout un jour. La moindre interruption du travail entraînera la famine, et si le chômage dure un peu, on mourra par milliers. Ceci n’est pas une pure hypothèse. Toutes les races humaines qui se sont obstinées à vivre au jour le jour ont fini par s’éteindre, quelle que fût la richesse de leur pays natal et la douceur du climat.

Supposez au contraire que tous les hommes vivants se donnent le mot pour épargner un dixième de leur revenu, c’est-à-dire en moyenne deux sous par jour. L’inventaire général donnerait 135 millions le premier soir, 49 milliards 275 millions au bout d’un an, 4 trillions, 927 milliards, 500 millions à la fin du premier siècle. Et qu’est-ce qu’un siècle dans la vie du genre humain ? A peine autant qu’un jour dans la vie d’un homme.

Une épargne quotidienne de deux sous par tête ferait donc en cent ans un capital de 3650 francs à chaque individu, si nous nous contentions de thésauriser comme les paysans ignares et les peuples demi-sauvages. Mais si le genre humain faisait fructifier ses économies à mesure qu’il les réalise, le résultat serait bien autrement grandiose. Vous savez que 1000 francs placés à 5 % produisent 131 000 francs en un siècle, et 16 millions 768 000 francs en deux cents ans.

Or qu’arriverait-il si la communauté des hom-