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affaire. Quant à vous, une fois la marchandise reçue et payée, vous n’avez plus rien à débattre avec le vendeur. Advienne que pourra, vous êtes quitte envers lui. S’il venait, dans dix ans, vous dire : J’ai fait faillite, l’expérience m’a prouvé qu’il aurait fallu vendre mon sucre un sou de plus, vous lui répondriez : Tant pis pour vous ! Si, au contraire, vous le rencontriez, dix ans plus tard, dans une voiture à huit ressorts, vous n’auriez pas le droit de lui dire qu’il a vendu son sucre un sou trop cher et palpé un salaire exorbitant. Il a fait le commerce à ses risques et périls ; s’il devient riche, tant mieux pour lui !

Toute transaction doit être loyale. Si l’épicier vous donne du plâtre ou de la farine pour du sucre, il vous vole ; s’il vous livre 450 grammes pour 500, il vous vole. Si vous le payez en fausse monnaie, vous le volez ; si vous ne le payez pas, vous êtes un voleur. Mais une fois que vous avez reçu le vrai poids en vraie marchandise et payé en véritable monnaie le prix librement débattu, vous n’avez plus rien à régler avec le marchand, ni lui avec vous. C’est à lui de se débrouiller dans ses comptes et d’en dégager, s’il le peut, son salaire.

Le manufacturier, le marchand et généralement tous les producteurs qui travaillent à leurs risques et périls sont ballottés entre l’espérance et la