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du monde ancien. Il dit : « Si je dérange un homme, si je confisque sa journée au profit de l’intérêt commun, la communauté lui doit quelque chose en échange : il recevra du sel ou de l’argent pour en acheter, un produit, un bien, un salaire.

Or, il n’y a qu’une justice, une morale, et une vérité dans ce monde. L’homme qui rend service à un autre doit être payé de retour. Dans toute société quelque peu civilisée, l’individu produit au jour le jour une certaine somme de biens qu’il jette dans la consommation et qui reviennent à lui sous forme de salaire. Nous ne vivons que de cela. J’ai pour voisin de campagne un fermier qui fait mûrir, bon an mal an, 1000 hectolitres de grain. Lorsqu’il porte sa récolte au marché, les consommateurs, accourus de toutes parts, enlèvent ses produits pour s’en nourrir et donnent en échange une trentaine de mille francs : c’est un beau chiffre. Mais le cultivateur a des salaires à payer : tant au propriétaire qui lui prête un sol défriché et des bâtiments en état ; tant au bailleur de fonds qui lui prête de quoi acheter ses bœufs, ses chevaux, ses charrues, ses semences ; tant aux aides qui ont travaillé sous sa direction ; tant à la grande machine politique qui garantit sa sécurité. Lorsqu’il aura donné tous les salaires qu’il doit, il lui restera quatre ou cinq mille francs qui seront le salaire de