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à l’origine de Rome. Le citoyen qui avait travaillé pour un autre, lui disait : Donne-moi mon sel ! comme on dit aujourd’hui ; Donnez-moi mon argent ! Sel étant pris pour synonyme d’argent, salarier et payer sont une seule et même chose.

Il est d’éternelle justice qu’un homme libre, après avoir peiné soit un an, soit un mois, soit un jour, soit une heure, au profit d’un autre homme, reçoive l’équivalent des services qu’il a rendus.

Servir pour rien, vous le savez, c’est faire œuvre d’esclave. Nous affirmons notre liberté toutes les fois que nous disons à notre égal : Je t’ai servi, à ton tour !

Non-seulement il n’y a pas de honte à réclamer le prix du travail qu’on a fait, mais celui d’entre nous qui se laisserait exploiter sans exiger la réciproque descendrait au niveau du bœuf ou du cheval.

Donc c’est dire expressément le contraire de la vérité que d’assimiler le salaire au travail servile. Cette définition qui court les rues est absurde pour deux raisons : d’abord parce que le salaire est l’inverse du travail, ensuite parce que l’esclave est le seul homme qui travaille sans recevoir aucun salaire.

Mais peut-être vous semble-t-il que je prenne le mot dans un sens trop général ? J’inclinerais plu-