Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendrait moins de services qu’à l’état de simple billon. Il serait plus encombrant, plus lourd, et d’un emploi presque pénible. La loi permet au débiteur de payer en cuivre jusqu’à 5 francs : c’est un demi-kilo de billon à transporter. Ce serait environ 2 kilos et demi, si le métal était donné et reçu pour sa valeur intrinsèque.

D’ailleurs, le prix du cuivre varie incessamment ; il faudrait refondre les sous plusieurs fois dans l’année. Or, les frais de fabrication coûtent presque aussi cher que le métal lui-même[1]. Enfin, s’il est impossible ou du moins très-difficile de marcher avec deux étalons, le moment serait mal choisi pour en atteler un troisième.

Notre époque songe si peu à élever le cuivre au rang de monnaie, qu’elle fait descendre l’argent même à l’humble rôle de billon. C’est le meilleur moyen, le seul, de conserver les pièces divisionnaires dont le petit commerce a si grand besoin tous les jours.

Le billon de cuivre se garde bien d’émigrer, puisqu’il perdrait les quatre cinquièmes de sa valeur en passant la frontière. Nos 60 millions de sous et de centimes resteront certainement chez

  1. Le billon émis en 1853 et 1854 a coûté jusqu’à 1 fr. 69 c. de fabrication par kilo.