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sonne n’en voulant beaucoup, le billon court de l’un à l’autre et fait incessamment la navette entre les citoyens d’un même pays. Voilà comment un peuple qui possède environ six milliards en monnaie véritable se suffit avec soixante millions de cuivre. Le cuivre ne figure dans notre numéraire que pour un centième environ.

Ces soixante millions, si nous voulions les vendre à l’étranger, n’en vaudraient guère plus de douze. Mais ils ne sont pas à vendre, et personne ne pense à les exporter.

Le sou français, hors de chez nous, ne représenterait que sa valeur intrinsèque. Chez nous et entre nous, il a de plus une valeur fiduciaire. C’est un centime de cuivre, plus un bon de quatre centimes sur la communauté des citoyens français.

Vous me demanderez peut-être quel profit nous trouvons à donner et à recevoir des sous qui valent un centime, un centime et demi, quand il serait tout simple de les faire quatre ou cinq fois plus lourds ? Le cuivre deviendrait une juste monnaie comme l’or et l’argent ; on taillerait quarante pièces d’un sou dans un kilogramme de cuivre, et l’élément fiduciaire serait remplacé par un surcroît de valeur réelle.

Oui ; mais le cuivre, s’il devenait juste monnaie,