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les mêmes sacs pour ne jamais rentrer chez nous.

Qu’arriva-t-il ? La grosse médaille de cent sous ne fut pas trop regrettée, car on la remplaçait à mesure par une petite pièce d’or équivalente. Mais les pièces divisionnaires, à partir de deux francs, se firent remarquer par leur absence. On manqua de petite monnaie. Les banquiers et les commerçants qui avaient l’habitude d’en faire fabriquer, reconnurent qu’ils jouaient un rôle de dupes, car les pièces qu’ils avaient émises ne rentraient pas dans leur caisse, et c’était toujours à recommencer. Ils perdirent l’habitude de porter des lingots d’argent à la Monnaie ; les pièces divisionnaires devinrent presque introuvables, et l’État fut mis en demeure de soulager un embarras public.

Or, un gouvernement a-t-il le droit de jeter plusieurs millions chaque année dans le tonneau des Danaïdes ? Peut-il loyalement faire une opération à laquelle les banquiers et les gros marchands ont renoncé parce qu’ils la trouvaient ruineuse ? Non, les gouvernements n’ont pas de capitaux ; ils ont des revenus annuels, ou budgets, payés par nous entre leurs mains, à la condition expresse que tout sera dépensé pour nous jusqu’au dernier centime. Donc ils doivent se garder