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les serviraient en or, et s’acquitteraient légalement à moitié prix. Les créanciers, les pupilles, les rentiers crieraient qu’on les ruine. On leur répondrait : de quoi vous plaignez-vous ? C’est tant de francs qui vous sont dus ; le franc est d’or ou d’argent, au choix de celui qui paye ; nous choisissons le métal qui nous acquitte à bon marché ; la loi ne l’a pas défendu.

Il peut se faire aussi qu’une mine d’argent se découvre demain en Europe, ou simplement que la Russie exploite à fond ses énormes filons de l’Oural. Le cas échéant, c’est l’argent qui baisserait et l’or qui serait en hausse. Les débiteurs, les pupilles, les rentiers auraient beau dire qu’on leur doit de l’or, ils seraient payés en argent.

C’est en vain que le législateur s’efforcerait de maintenir les deux métaux en équilibre. Tous ses efforts n’aboutiraient qu’à l’altération progressive des monnaies : la logique et l’histoire s’accordent sur ce point et condamnent le double étalon.

S’il est encore en vigueur dans plusieurs grands États de l’Europe, c’est que les gouvernements modernes évitent autant que possible de s’immiscer dans les questions de monnaie. Ils pensent à bon droit que le pouvoir ne doit intervenir qu’à la dernière extrémité dans l’échange des biens et des services. Mais cette abstention cesse nécessai-