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selon les temps, le kilogramme d’or s’échanger contre dix, douze, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit kilos d’argent. Dans le même temps, la proportion n’est pas partout la même. En 1857, quand le commerce européen força les portes du Japon, les indigènes échangeaient un kilo d’or contre 3 kilos d’argent et 1/7. C’est-à-dire que l’or comparé à l’argent valait cinq fois moins cher à Yeddo qu’à Paris. Vous auriez quintuplé votre capital en portant de l’argent au Japon pour l’échanger contre de l’or !

Rien ne prouve que chez nous la proportion de 1 à 15 1/2 se maintiendra même approximativement, comme elle a fait depuis un demi-siècle. La rareté respective des deux métaux est un élément considérable de leur prix. Que l’on découvre une deuxième Californie, ou que trois ou quatre mines d’argent se mettent en grève : l’or surabonde et se déprécie ; l’argent se fait rare, il est plus demandé qu’offert, il hausse.

En pareille occasion, tout débiteur intelligent s’empresserait de solder ses créanciers. Seulement il payerait en or ce qu’on lui a prêté en argent. Tous les tuteurs qui savent compter se hâteraient d’émanciper leurs pupilles : trop heureux de solder en or déprécié le dépôt qu’ils ont reçu en argent ! Tous ceux qui ont des rentes à servir