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démonétiser ni l’un ni l’autre métal. Ils ont bien fait : l’or et l’argent sont deux éléments indispensables aux transactions du commerce.

Mais ils se sont trompés en instituant deux étalons, l’un d’or et l’autre d’argent, en décidant que l’unité de valeur serait indifféremment ou une pièce d’argent du poids de cinq grammes, ou la vingtième partie d’une pièce d’or du poids de 6 grammes 45 161 cent-millièmes de gramme.

Décider que tel poids d’argent équivaudra toujours à tel poids d’or, c’est décréter en quelque sorte l’identité des deux métaux à dose inégale ; c’est dire qu’un kilogramme d’or et 15 kilos et demi d’argent sont une seule et même chose, c’est nier par avance les événements qui peuvent altérer une proportion accidentelle, temporaire et locale ; en un mot, c’est faire violence à la nature.

M. Michel Chevalier, dans un livre que je devrais citer à chaque ligne, s’élève avec une logique éloquente contre le système du double étalon. Je renvoie à son plaidoyer ceux qui veulent approfondir cette question, et je me borne à l’effleurer ici.

L’or et l’argent n’ont aucune parenté ; ils ne sont pas l’aîné et le cadet d’une famille aristocratique. La distance qui les sépare en tant que valeur peut varier à l’infini. Dans le même pays, on voit,