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être en aura-t-on quatre fois moins : voilà le point douteux de mon affaire. Ce qui n’est pas douteux, c’est que mes héritiers auront droit à une rente annuelle de cinq kilos d’un métal identique à celui que j’ai prêté.

Dans les pays où l’or est l’unique étalon des valeurs, c’est l’or qui évalue et achète toutes les marchandises, le blé comme l’argent. Supposez un contrat à long terme, vingt kilos d’or prêtés à fonds perdu au taux de 5 pour cent, les héritiers du prêteur sont assurés d’un revenu net et- invariable : ils recevront chaque année un kilogramme d’or. Rien ne prouve que ce kilogramme achètera jusqu’à la fin des siècles 8000 kilogrammes de blé ; peut-être dans cent ans en payera-t-il 20 000, peut-être 5000 seulement ; mais on est sûr que les héritiers recevront perpétuellement un égal poids d’un métal identique. C’est une sécurité qui n’est pas méprisable.

Supposez au contraire un pays où l’unité de valeur soit ce qu’elle est chez nous depuis l’institution du système métrique, et vous verrez surgir de curieuses complications.

Les grands législateurs de l’an 11, justement convaincus que l’or seul ne peut donner qu’une monnaie incomplète, que l’argent seul ne peut donner qu’une monnaie insuffisante, n’ont voulu