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recourir au changeur, c’est-à-dire céder trente grammes d’argent à telle effigie contre vingt-huit à telle autre.

Un peu plus loin, on rencontrait une nouvelle frontière, il fallait une autre monnaie, et les vingt-huit grammes de métal, entre les mains du changeur, se réduisaient à vingt-cinq. Si le voyage durait un mois, dans les pays déchiquetés arbitrairement comme l’Allemagne ou l’Italie, la plus grosse pièce d’argent s’en allait en fumée : les changeurs avaient tout pris. Aujourd’hui l’on peut faire cinq cents lieues en quarante-huit heures ; la grande famille européenne, qui comprend les États-Unis d’Amérique, échange plus de biens en un mois que nos ancêtres en un siècle ; les nations se rapprochent avec autant de zèle qu’elles en mettaient jadis à s’éviter ; les finances publiques sont partout à ciel ouvert ; le moment est donc venu de frapper une série de monnaies qui circulent sans perte et sans embarras d’un bout à l’autre du monde civilisé.

Quatre ou cinq médailles d’argent, d’un titre unique et d’un module uniforme, suffiraient à la solution du problème. La face pourrait varier à l’infini, selon la forme des gouvernements et le profil des divers princes ; le revers indiquerait par un chiffre lisible en tout pays le poids de chaque pièce. Les nombres 2, 5, 10, 25, apprendraient aux