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épices, des habits, du linge, des souliers, des matériaux de construction. Pour chaque échange à conclure, il faut qu’il cherche un homme fait exprès. A-t-il besoin de tuiles ? Les tuiliers ne manquent pas ; mais il en interrogera peut-être dix avant d’en trouver un qui ait besoin de blé dans le même moment. Veut-il manger du bœuf à son repas ? Il faut chercher et découvrir parmi les éleveurs du voisinage celui qui manque de blé. Mais ce n’est pas un bœuf entier qu’il lui faut, c’est un simple pot-au-feu de trois kilos : il s’agit de réunir des associés en nombre et d’acheter la bête à frais communs. L’éleveur lui-même a des besoins variés à l’infini, car il est homme ; il ne demande qu’à troquer sa marchandise contre tous les produits qui lui sont nécessaires ; mais il est sage, il n’abattra la bête qu’à bon escient, quand il verra autour de lui les producteurs de toute sorte qui offrent en commun, sous mille formes diverses, l’équivalent exact de son bœuf. Avant qu’on ait fini d’assembler ce congrès de consommateurs-producteurs, le malheureux animal (c’est du bœuf que je veux parler) mourra de vieillesse.

Je n’ai pris pour exemples que des produits facilement divisibles et d’une consommation universelle. Que serait-ce s’il s’agissait de troquer une maison du boulevard, une loge de l’Opéra, une