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autres biens. L’épargne les adopta, la peur les accapara. L’homme de tous les temps veut garder ce qu’il possède. Dans tous les temps aussi, le travailleur sensé pense à se ménager quelques ressources pour l’avenir. Mais comment s’assurer contre les privations de la vieillesse ? Les provisions de toute sorte se détruisent par elles-mêmes ; aliments, vêtements et le reste. D’ailleurs tout cela fait un volume effroyable, et la plus grosse épargne attirerait les premiers pillards.

Les plus sages entre les hommes firent alors un raisonnement qu’on ne saurait trop admirer : « Puisqu’il y a des métaux que tout le monde désire et qui sont toujours demandés sur le marché général, puisque ces biens sont des métaux incorruptibles et parla faciles à conserver ; d’un grand prix sous un petit volume et par conséquent aussi commodes à cacher qu’à transporter, échangeons notre épargne contre des lingots d’or ou d’argent. Par ce moyen, nous transformons l’excédant de nos récoltes, la plus-value de nos services en biens solides, impérissables et perpétuellement échangeables puisque le genre humain n’en a jamais assez. »

On admire beaucoup, et non sans cause, le Hollandais qui s’avisa de saler le hareng. Avant lui, toute pêche un peu miraculeuse était du bien