Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une mine d’argent. Toutefois, je maintiens que l’or est un produit, dans le sens le plus respectable du mot.

Il y a de l’incertain dans toutes les entreprises de l’homme : c’est livrer quelque chose au hasard que de planter des choux. L’aventurier qui se lance à la poursuite de l’or dans les Montagnes Rocheuses est producteur au même titre que le maraîcher de Vincennes ; il tend au même but, qui est d’accroître la somme des biens utiles, mais il y va par des chemins plus périlleux et plus courts. S’il met la main sur une pépite de 200 000 francs (cela s’est vu), croyez bien qu’il n’a pas rencontré cette aubaine sans traverser les privations, les fatigues et les dangers. Il a fait de longs voyages, souffert la faim et la soif, risqué vingt fois sa vie. C’est travailler autrement, mais autant que le paisible jardinier qui manie la bêche et l’arrosoir. La nature ne donne rien pour rien, pas même les pépites de 200 000 francs. D’ailleurs l’exploitation des riches gisements devient moins vagabonde de jour en jour, et plus industrielle dans sa forme. En placer aujourd’hui ne ressemble pas mal à nos grandes manufactures. On y écrase le quartz aurifère sous des moulins à vapeur ; on y lave la matière première dans des cours d’eau dérivés à grands frais ; on y fait des manipulations