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mon salaire du mois dernier. Qu’est-ce que je vais en faire ? J’en donnerai une partie à ceux qui me nourrissent, une autre à ceux qui m’habillent, une autre à la bonne femme qui blanchit mon linge, une autre au serviteur qui a soin de mon cheval. En résumé, j’échangerai cet argent, prix de mes peines, contre le labeur de vingt ou trente individus. Les ouvriers qui travaillent ici sous mes ordres agiront exactement comme moi. Chacun d’eux recevra une fraction de ces lingots et la répartira autour de lui en échange d’autres biens. Nous sommes des industriels, nous créons un produit, nous le partageons entre nous au prorata de notre collaboration respective ; puis nous employons notre part à rémunérer les services que nous ne pourrions nous rendre à nous-mêmes. Il y a, dans le bourg voisin, un boulanger qui chauffe son four à l’heure où nous allumons nos lampes. Ce n’est pas un oisif, encore moins un parasite, et vous auriez grand tort de lui chercher querelle, quand même tous les lingots ici présents s’arrêteraient dans sa boutique. Il travaille pour nous, et nous travaillons pour lui. Or tenez pour certain que tout l’argent de la terre se répartit suivant la même loi, dès l’heure où les lingots sortent de la mine. Sitôt extrait, sitôt partagé entre ceux qui l’ont fait naître. Sitôt partagé, sitôt