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— Dame ! si vous aviez un champ qui ne payât point la culture, vous obstineriez-vous à le labourer ? L’argent, comme le blé, est un produit du travail. Seulement l’un se récolte à la surface du sol, et l’autre dans ses profondeurs. L’un vous donne du pain pour la soupe, l’autre une cuiller agréable et saine pour la manger. »

Il me cita quelques mines d’argent que l’industrie avait délaissées, ainsi que la culture abandonne un sol ruiné sans ressource. J’appris avec étonnement que, non-seulement en Europe, mais en Amérique, la production de l’argent est toujours coûteuse, souvent ruineuse, et qu’en aucun lieu du monde le vil métal ne se jette de lui-même à la tête des gens.

« Ainsi, lui dis-je, cette effroyable masse d’argent qui encombre la terre sous toutes les formes, monnaie, vaisselle plate, galon, argenture et le reste, serait le produit d’un travail aussi répugnant, aussi long, aussi ingrat que celui-ci ?

— N’en doutez pas. Les procédés métallurgiques varient un peu ; on procède ici par la coupelle et là-bas par l’amalgame ; les ingénieurs de Freyberg sont un peu plus habiles que ceux de Guanaxato, mais partout le travail du mineur est également rude et vous ne trouverez pas une pièce de dix sous qui n’ait coûté au moins dix gouttes