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— Ainsi, papa, l’argent vaut plus que les autres choses qui valent autant que lui ? Comment cela peut-il être ? »

Le père réfléchit un instant et répondit :

« Tout le monde n’a pas besoin de livres d’images, et tout le monde a besoin d’argent. Si nous allions offrir ton livre chez le boucher, le boulanger, le marchand de vins, la fruitière, ces braves gens nous diraient tous qu’ils n’ont ouvert leurs boutiques sur la rue que pour y appeler les pièces d’argent. Le libraire lui-même qui a fourni ce volume à ton parrain ne voudrait pas te le reprendre au même prix ; il te dirait : je ne suis pas ici pour acheter, mais pour vendre. Suppose au contraire que tu aies vingt francs de véritable argent dans ta poche, tu pourrais choisir entre toutes les choses qui sont à vendre pour vingt francs. Tu demanderais à ton choix, cinquante kilos de pain, ou vingt-cinq litres de vin, ou dix mètres d’étoffe comme ta robe, ou trois paires de souliers, ou un livre comme celui qu’on t’a donné pour tes étrennes. Tout le monde s’empresserait de te servir, parce que tout le monde, comme je t’ai dit, a besoin d’argent. Comprends-tu ?

— Je comprends que l’argent a le droit de choisir tout ce qu’il veut.

— Tu l’as dit.