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La liberté peut seule apprendre aux peuples à quelle industrie ils sont aptes, et déterminer les vocations nationales.

L’individu serait un sot s’il prétendait faire sa maison, ses aliments, ses habits, sa montre et ses souliers lui-même, pour s’affranchir de ces « tributs serviles » qu’il paye matin et soir au travail d’autrui ; les nations seraient absurdes de vouloir créer tout ce qu’il leur faut. C’est assez qu’elles se mettent en mesure d’acheter ce qui leur manque. Le sol, le climat, la race, l’éducation déterminent les facultés industrielles ou productives de chaque pays. Ne forçons point notre talent, poussons-le aussi loin qu’il peut aller, et ne rougissons pas de prendre chez nos voisins, à charge de revanche, ce que nous ne pouvons pas nous donner à nous-mêmes. Tel peuple est admirablement situé pour fabriquer la viande, le fer, la porcelaine et les romans de Dickens, mais la nature lui refuse le vin, l’huile, la soie, l’art industriel et les comédies d’Alexandre Dumas fils. Qu’il produise en surabondance les biens qui coûtent le moins à son sol et à son tempérament, et qu’il nous envoie son trop-plein en échange du nôtre.

Les expositions universelles seraient de grands spectacles navrants, si elles n’avaient pas pour conséquence proche ou lointaine la liberté absolue du