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faisait venir ses habits de Londres ou ses rasoirs de Manchester, il indemniserait la nation en payant la taxe.

Mais l’étranger usait de représailles et taxait nos produits aussi sévèrement que nous avions taxé les siens. La guerre des tarifs allait son train, en pleine paix, et le peuple en payait les frais, selon l’usage. Plus nos rois nous forçaient de payer cher les produits des manufactures anglaises, plus les rois d’Angleterre faisaient payer cher à leurs peuples nos vins et nos autres produits. Le patriotisme douanier s’éleva par degrés jusqu’à cette exagération que Benjamin Constant appelait un enthousiasme d’enchérissement.

La postérité sera bien étonnée d’apprendre par quelque vieux tarif, ou mieux par les discussions lumineuses de Michel Chevalier, qu’au début du deuxième Empire une tonne d’acier, destinée à la fabrication des outils les plus indispensables, payait 1320 francs au minimum à la frontière de France ; que les couvertures de lit étaient taxées à 220 francs les 100 kilos ; que les tapis payaient jusqu’à 550 francs ; que les marbres étrangers, les seuls propres à la statuaire, étaient frappés d’un droit de 742 francs 50, pour une statue de deux mètres.

Mais elle saura en même temps que nos hommes d’État jugèrent, condamnèrent et abolirent coura-