Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

protecteur par des arguments patriotiques. Elle croyait que la prospérité d’un peuple se mesure aux quantités d’argent qu’il possède, qu’on s’appauvrit en achetant, qu’on s’enrichit en vendant, que l’acquéreur est tributaire du marchand, et que les pays les mieux administrés sont ceux qui tirent tout de leur propre fonds sans rien demander aux autres. Telle était la doctrine des Français les plus sensés au dix-septième siècle et même au beau milieu du dix-huitième. Boileau félicitait Louis XIV d’avoir frustré

... Nos voisins de ces tributs serviles
Que payait à leurs arts le luxe de nos villes.

Voltaire, dans l’Homme aux quarante écus, explique la pauvreté de la France par le chiffre de ses importations. « Il faut payer à nos voisins quatre millions d’un article, et cinq ou six d’un autre, pour mettre dans notre nez une poudre puante venue de l’Amérique. Le café, le thé, le chocolat, la cochenille, l’indigo, les épiceries nous coûtent plus de soixante millions par an. Nous voyons cent fois plus de diamants aux oreilles, au cou, aux mains de nos citoyennes de Paris et de nos grandes villes qu’il n’y en avait chez toutes les dames de la cour de Henri IV, en comptant la reine. Il a fallu payer presque toutes ces superfluités argent comptant. »

Lorsque des naïvetés de cette force étaient si-