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currence à craindre comme producteur, mais que dans ma consommation je jouisse de tous les bienfaits de la concurrence !

Protégez-moi ! dit le manufacturier. Faites saisir sur la frontière tous les produits qui peuvent lutter contre les miens ; ou, si vous les laissez entrer, frappez-les d’un impôt qui les rende invendables. L’intérêt du pays vous commande de servir mon intérêt personnel. N’aurez-vous pas pitié de l’industrie nationale doublement menacée par des qualités supérieures et des prix inférieurs ? Mes confrères de l’étranger peuvent me mettre sur la paille en inondant la France de bonnes marchandises à bon marché. Comme citoyen, je ne crains personne en Europe ; comme fabricant, j’ai peur de tout le monde. Les plus faibles de l’étranger sont plus forts que moi. Tâchez donc que je conserve le monopole de mes produits ; mais pour tout ce que j’achète et que je ne vends pas, soyez large ! Laissez entrer les grains, afin que mes ouvriers, nourris pour presque rien, se contentent d’un faible salaire. Laissez entrer les matières premières que j’emploie, et les machines qui aident à mon travail !

« N’en faites rien ! s’écrie le fabricant de machines. Si l’étranger venait me faire concurrence chez nous, il ne me resterait qu’à fermer boutique. Arrêtez, ou taxez les produits qui ressemblent aux