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une coupable faiblesse, on ne laisse la porte ouverte aux grains étrangers ! L’Amérique nous menace, l’Égypte tient l’abondance suspendue sur nos tètes comme une épée de Damoclès ; Odessa, l’infâme Odessa pense à nous inonder de ses produits. Au secours ! Qu’on ferme la porte ! Ou, si vous permettez l’importation des grains étrangers, ayez l’humanité de les taxer bien cher, pour que l’achat sur place, le transport et le droit d’entrée les mettent à trente francs l’hectolitre ! Si tout marche à mon gré, je compte aller en Suisse et ramener quatre paires de bœufs.

Protégez-moi ! dit l’éleveur. Fermez la porte au bétail étranger, si vous voulez que je gagne ma vie. On nous promet une hausse sur la viande, et j’y compte ; mais l’admission des bœufs italiens, suisses, allemands, belges, anglais, procurerait l’abondance à tout le monde et la ruine à moi seul. Protégez-moi en prohibant ou en taxant tous les produits qui me feraient concurrence. Laissez entrer le blé ; je n’en fais pas et j’aime à payer mon pain bon marché. Laissez entrer sans droits le combustible dont je me chauffe, la vaisselle où je mange, les cristaux où je bois, les meubles dont je me sers, les étoffes dont je m’habille et généralement tous les produits manufacturés ! O providence visible des citoyens, faites que je n’aie pas de con-