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Pauvre homme ! Les journaux lui avaient reproché les pêches qu’il mangeait, à la séance du 10 août.

Au point de vue de la liberté commerciale, accaparer n’est ni un crime, ni un délit ; mais c’est souvent une sottise qui coûte cher à son auteur. Si quelque Parisien s’avisait aujourd’hui de rafler tous les blés disponibles à la Halle pour les revendre en hausse le mois prochain, la seule annonce d’un déficit ferait accourir à Paris tous les cultivateurs de la banlieue avec des millions d’hectolitres. Il faudrait que l’accapareur achetât tout ce qui se présente ou renonçât au bénéfice de sa spéculation. Et, lorsqu’il aurait acheté les récoltes de la banlieue, tous les départements voisins accourraient au marché, et, s’il achetait encore tout, il verrait affluer les blés de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Midi, de la Corse et de l’Algérie. Et, fût-il assez riche pour accaparer toute la réserve nationale, l’Allemagne, la Belgique, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Egypte et la Russie du Sud viendraient jeter leurs produits sur la place, et l’imprudent haussier ne récolterait que la baisse.

Le blé fut cher pendant toute la Révolution ; la France entière soutirait de la disette, excepté les Parisiens qui par un privilège tout despotique étaient nourris aux frais de la nation. On leur