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période révolutionnaire, malgré sa grandeur et sa gloire, vous apparaît comme une suspension générale de toutes les libertés. Il semble que le soleil ne soit apparu un instant que pour s’éclipser aussitôt. Le bilan de ces dix années que l’Europe nous envie à bon droit peut s’établir ainsi : dévouement, patriotisme, courage civil et militaire à discrétion ; libertés politiques et économiques, néant.

Et je le dis sans accuser personne. La liberté ! politique est impossible en temps de révolution. Chacun poursuit son idéal de gouvernement et voit des conspirateurs dans tous ceux qui ne pensent pas exactement comme lui. De là les haines, les vengeances et les mesures de salut public.

Les libertés économiques ne sont pas moins incompatibles avec l’incertitude et l’agitation des esprits. En l’absence de lois stables et incontestées, chacun craint non-seulement d’être asservi, mais d’être volé ou affamé. Dans tous les mouvements populaires de notre grande révolution, les chefs sont dirigés par une idée politique, vraie ou fausse, la masse croit résoudre un problème d’économie sociale : la question du pain.

La Bastille était à peine démolie quand le peuple de Paris égorgea Foulon et Berthier. Pour quel crime ? Parce que le pain était cher ; on accusait