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exclus de l’industrie pour cause d’infériorité, d’autres en étaient éloignés pour cause de noblesse. Un gentilhomme ne pouvait travailler de ses mains ni commercer en petit sans déchoir. Le roi pensait alors, comme presque tout le peuple, que l’oisiveté est plus digne de l’homme que le travail pénible ou assujettissant.

Le roi croyait sincèrement protéger ses sujets en prohibant la sortie de tel produit et l’entrée de tel autre. On maintint même jusqu’à Colbert une multitude de douanes intérieures qui empêchaient les gens d’une province d’échanger leurs produits avec d’autres Français, leurs voisins. Le tout pour la plus grande prospérité du peuple, croyait-on.

Les producteurs autorisés n’hésitaient pas à préférer leur monopole au droit commun ; mais ils n’étaient ni bien heureux ni bien libres. En octroyant les privilèges, la monarchie avait pour ainsi dire doublé sa responsabilité ; elle le savait et agissait en conséquence. Le sentiment de son devoir la conduisit à régler tout, à surveiller tout, à contrôler tous les produits. Une pièce de drap ne sortait de la fabrique, comme un volume de l’imprimerie, qu’avec l’endos et la garantie du gouvernement.

La logique obligeait nos rois à pousser jusqu’au bout les conséquences d’un tel système. Un père