Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’autorité paternelle assigne une carrière à chacun des enfants. Le roi permet aux uns les professions qu’il interdit aux autres. Il en réserve quelques-unes pour lui-même ; il décide que telle industrie fleurira à telle place, en telles mains, et que nul n’y pourra toucher sans autorisation. Chaque corps de métier s’organise à l’abri d’un bon et solide privilège ; le métier tend à devenir héréditaire, comme en Égypte, suivant l’idéal proposé par Bossuet dans son discours au grand dauphin :

« La loi assignait à chacun son état, qui se perpétuait de père en fils. On ne pouvait ni en avoir deux, ni changer de profession… on faisait mieux ce qu’on avait va faire et à quoi on s’était uniquement exercé dès son enfance. »

Les plus nobles esprits de l’ancien régime, même lorsqu’ils se lançaient dans l’utopie, n’allaient pas au delà d’une tutelle perfectionnée. Voyez plutôt Fénelon dans sa monarchie imaginaire de Salente. Il fixe l’étendue de terre que chaque famille pourra posséder ; il impose un plan officiel à toutes les habitations privées, il détermine le vêtement de tous les citoyens suivant leur rang, il rédige le menu de leur repas, limite la quantité de vin qu’ils pourront boire, interdit la consommation des liqueurs, des parfums, des broderies riches,