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a disparu dans la bagarre, vous les verrez plus près d’en rire que d’en pleurer. A quelque page que l’on ouvre l’histoire, on y trouve une multitude ignorante et souffrante qui ne craint pas les désastres publics, qui les souhaiterait plutôt, comme un malade fatigué d’être au lit réclame les poisons et les couteaux de l’empirique, et qui trouve une sorte de consolation désespérée à rêver l’écroulement de l’édifice social. En tout pays, en tout temps, ces infortunés ont des courtisans intéressés qui leur disent : « Abîmez tout ! vous n’avez rien à perdre ! »

— Pauvres gens ! Vous avez à perdre tout ce que les autres hommes possèdent autour de vous. Votre condition présente est assez dure, j’en conviens ; elle serait intolérable si quelque catastrophe vous dépouillait de ce que vous n’avez pas. Toute cette abondance de biens que l’épargne a accumulée entre les mains des autres n’est pas en votre possession, pour le moment, mais elle est à votre disposition, à votre service, à votre portée. Est-ce à dire qu’il vous suffit d’étendre la main pour puiser au trésor commun ? Pas tout à fait, mais il suffit d’un geste un peu plus compliqué. Remuez les bras, mes amis, et l’échange vous permettra de puiser dans tous les trésors de la terre, dans les greniers du laboureur, dans les caves du vigne-