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La première, c’est que tous les hommes, sans exception, ont un intérêt personnel à instruire les autres hommes.

La deuxième, c’est que tous les hommes, sans exception, sont personnellement intéressés à enrichir les autres hommes.

Je le déclare, à la barbe des mauvais riches (s’il en reste) et des méchants pauvres (s’il y en a) : oui, la solidarité humaine va jusque-là. Nos destins sont si étroitement enchaînés par les liens de l’échange.

Ni les riches ni les pauvres ne sont injustes pour le plaisir de l’être. Mais de même que chaque corps d’état est sujet à une maladie professionnelle, chacune des grandes classes de la société est exposée à des préjugés spéciaux.

Or le pauvre et le riche ont toujours eu des courtisans qui les enfonçaient dans l’erreur au lieu de les en arracher ; qui les excitaient l’un contre l’autre, au lieu de leur prêcher la paix et la concorde. Pour une fois que le riche entendait dire : « Il est de votre intérêt d’enrichir et d’éclairer les pauvres, » on lui a répété vingt fois sur tous les tons :

« N’écoutez pas ceux qui vous bernent sous prétexte de vous servir. Chacun pour soi. Vous êtes riche, instruit ; vous occupez, grâce à Dieu, une