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que la personne humaine, aussi loin qu’elle s’étend, est partout également inviolable et sacrée.

Nous sommes inégaux en force, en intelligence, en vertu, en activité, en richesse. L’un produit plus et l’autre moins, selon l’âge, l’aptitude, le courage et l’outillage. Mais l’échange ne portant que sur des services égaux entre eux, ne saurait subordonner un producteur à un autre. Le million dit au franc : Donne-moi un sou et je te rendrai cinq centimes. A la suite de cette opération, le million et le franc conservent leurs positions respectives : le million serait un sot s’il se croyait le bienfaiteur du franc ; le franc serait un fou s’il se croyait exploité par le million.

L’échange n’aggrave donc pas cette inégalité des fortunes qui fait le désespoir des envieux. Mais il n’a pas non plus pour effet de niveler la richesse. Il profite, dans une égale proportion, aux riches et aux pauvres, en permettant à chacun de choisir le bien le plus utile ou le plus agréable. Ce qui tend à niveler les conditions humaines, c’est la paresse et la prodigalité de ceux qui possèdent, le travail et l’épargne de ceux qui veulent posséder.

Si le dogme de la solidarité humaine avait besoin d’être prouvé, le mécanisme de l’échange en fournirait une démonstration éclatante.