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En effet, soit que vous vendiez, soit que vous achetiez, vous faites un acte de préférence. Personne ne vous a contraint de céder tel de vos biens contre tel bien d’autrui. C’est vous qui aimez mieux donner ce que vous avez en trop contre ce que vous avez en moins. N’eussiez-vous même rien de trop, fussiez-vous un de ces malheureux qu’une nécessité impitoyable réduit à échanger la couverture de leur lit contre le pain de quelques jours, vous réalisez encore un gain, car vous livrez un objet de nécessité secondaire contre un bien de première nécessité. Si votre couverture vous était actuellement plus utile que le pain, vous ne consentiriez pas cet échange. Vous le faites, donc vous reconnaissez qu’il vous est avantageux pour le moment.

Quand vous entrez dans un magasin pour prendre un demi-kilo de bougie contre six grammes d’un métal blanc, vous remerciez par instinct la personne qui vous sert la bougie, et elle vous remercie à son tour quand vous lui servez votre argent. Vous êtes dans le vrai, et le marchand y est aussi, car vous venez d’échanger service pour service avec un autre homme, votre égal. Il vous a donné un bien plus utile que l’argent pour l’emploi que vous en voulez faire. Si vous aviez gardé votre monnaie en poche, si l’échange d’un bien