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déjà une valeur que d’autres individus leur avaient donnée en les trouvant, en les transportant, en les assortissant. Le marchand ne nous doit que le prix de la plus-value que nous avons créée nous-mêmes. Si le travail de notre journée n’ajoute à un diamant de deux millions qu’une valeur de cent sous, il ne nous est dû que cent sous.

Donner l’équivalent de ce que l’on reçoit, recevoir l’équivalent de ce qu’on donne : voilà toute la mécanique de l’échange.

Mais à quel signe reconnait-on que deux choses sont équivalentes ? Il n’y a pas grand travail à faire pour constater qu’un gramme d’or pur vaut un autre gramme d’or au même titre ; que deux hectolitres de blé, récoltés dans le même champ, se valent l’un l’autre. Mais dans cette infinie variété de biens et de services que les hommes échangent journellement entre eux, comment faire pour ne donner ni plus ni moins que ce que l’on reçoit, pour n’être ni fripon ni dupe ? Une épingle de brillants, un panier de pommes, un fauteuil à l’orchestre des Italiens, une course de fiacre, une visite de médecin, le conseil d’un pilote, le loyer d’un appartement, une paire de sabots, une forêt de cent hectares, une journée de maçon : voilà des biens et des services qui n’ont aucun rapport entre eux. Comment sait-on que