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tude de mains qui toutes, successivement, y ajoutent un supplément de valeur. Il est juste et naturel que chacun des travailleurs échange l’utilité qu’il a produite contre un bien équivalent. L’agriculteur qui fournit la matière première d’un habit noir, a droit au prix de sa laine ; le marchand qui court les campagnes pour réunir la laine de plusieurs fermiers, a droit au prix de ses peines ; le voiturier qui porte les ballots à la fabrique a droit au prix de son voyage ; chacun des travailleurs qui dégraissent, cardent, teignent, filent, tissent, foulent, peignent le drap, devient pour ainsi dire le créancier de la marchandise, et acquiert sur elle un droit proportionnel à la valeur qu’il y ajoute.

Six cents grammes de laine fine, qui valaient trois francs au début, produisent à la longue un habit noir qui vaut, s’il est bien fait, jusqu’à 125 francs. Le jour où le consommateur donne 125 francs en échange de cet habit, il paye en bloc et la valeur initiale de la matière première et toutes les plus-values qui ont été successivement ajoutées par une centaine de travailleurs. L’habit soldé ne doit plus rien à personne. Mais si l’un des cent producteurs qui ont mis la main à l’ouvrage se l’appropriait en totalité, il ferait tort aux quatre-vingt-dix-neuf autres. Si le cultivateur