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Ces vieilles déclamations vous apparaissent dans tout leur ridicule si vous vous rappelez : 1o que tous les biens utiles appartiennent légitimement à celui qui les a produits ou à ses ayants-droit ; 2o que pour en obtenir une part, petite ou grande, il faut donner en échange un bien d’égale valeur ; 3o que la valeur du travail est proportionnelle à la quantité d’utilité produite, quels que soient les matériaux mis en œuvre. L’or est quinze fois et demi plus précieux que l’argent, mais le ciseleur habile, qui ajoute par son travail une valeur de vingt-cinq louis à un kilogr. d’argent, recevra vingt-cinq louis en or ; tandis qu’un guillocheur de pacotille, pour avoir ratissé des boîtes de montre en or, recevra quatre francs dix sous en argent. Les truffes ont trois cents fois plus de prix que les pommes de terre, mais l’agriculteur qui produirait dix mille sacs de pommes de terre en une saison aurait le droit de manger des truffes, et le chercheur de truffes qui n’en trouve que trois ou quatre kilos par mois ne mangera que des pommes de terre.

Le travailleur a droit à la totalité de la plus-value qu’il ajouta aux choses par lui-même. Les produits manufacturés tels qu’un habit noir, une robe de soie, une rivière de diamants, n’arrivent au consommateur qu’en passant par une multi-