Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ces derniers temps. La voici résumée en quelques lignes :

L’individu peut compter qu’il ne manquera de rien s’il produit une certaine somme de biens utiles, n’importe lesquels. Quand même il ne créerait rien à son usage personnel, il est sûr de se procurer tout le nécessaire et au delà, pourvu qu’il fournisse une quantité de travail utile ou agréable aux autres hommes. Il peut donc, dans le choix d’une industrie, faire abstraction de la variété de ses besoins et réduire tout le problème de son existence à cette question : De quoi suis-je capable ? Entre tous les produits utiles, quel est celui que je suis apte à fournir ?

Les enfants sont portés à croire qu’il faut être confiseur pour manger beaucoup de bonbons, et que le cordonnier doit être mieux chaussé que tous les autres hommes. L’expérience ne tarde pas à leur apprendre que, grâce à l’échange, on obtient la plus grande quantité d’un bien quelconque en produisant la plus grande quantité d’un autre bien, quel qu’il soit.

On compte par millions les producteurs qui vivent et qui meurent sans avoir consommé un seul de leurs produits. Les vendangeurs du clos Vougeot boivent de la piquette ; les ouvriers d’Alfred et d’Humann s’habillent à la Belle-Jardinière ou