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mestiques précieux (il y en a encore quelques-uns) qui servent sans embarras et sans bruit un dîner de douze personnes ? Tous les talents utiles ou agréables sont les fruits de la spécialité.

Il convient que la spécialité ait pour contrepoids un bon fonds d’instruction générale ; sinon le travailleur ne serait plus qu’une machine. Il est encore à souhaiter qu’en prévision des chômages et des autres accidents tout producteur ajoute une deuxième corde à son arc : c’est une précaution qu’on ne saurait trop recommander aux travailleurs qui vivent sur le luxe. Mais le commencement de la sagesse est de choisir un gagne-pain, d’embrasser une spécialité, de diriger vers un but principal tous ses talents et toutes ses forces. Car le particulier qui se croit propre à tout est un sauvage égaré dans la civilisation ; il vit et meurt inutile.

Le premier échange est sans doute contemporain du premier travail, c’est-à-dire que ce mécanisme est aussi vieux que l’homme lui-même. Aucun progrès en aucun genre n’aurait pu se réaliser ici-bas si chaque individu avait été forcé d’apprendre tous les arts nécessaires à la vie.

Le seul fait de l’échange a créé une organisation du travail bien supérieure à toutes celles que les réformateurs (ou soi-disant tels) ont ébauchées