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ton front. » C’est faire tort à la société des services que cet homme lui rendrait en travaillant Donner à ceux qui travaillent, soit en leur achetant leur ouvrage plus qu’il ne vaut, soit en leur livrant des denrées au-dessous du prix de revient, c’est troubler l’équilibre de l’industrie et faire tort à la majorité des travailleurs, en créant au profit de quelques-uns une concurrence inégale. Ceux que vous obligez seront, par cela seul, en mesure de livrer leurs produits au rabais et de tuer ainsi le travail des autres.

Enfin, les bonnes œuvres émiettent, sans profit pour la société, des instruments qui pourraient être utiles. On donne en France un million par jour, un milliard tous les trois ans, et de ces capitaux qui pourraient se multiplier dans l’industrie au profit de tous les travailleurs, il ne reste pas un centime. Le levier s’éparpille en limaille, et tout est dit.

Rien de plus strictement vrai que ce tableau si sombre. S’ensuit-il que les hommes vraiment charitables doivent assister les bras croisés au spectacle de la misère ? Non ! Les meilleurs d’entre nous continueront à pratiquer l’aumône, tant que ce palliatif n’aura pas été remplacé par le vrai remède du mal.

Mais le remède est trouvé, si je ne me trompe.