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ment il y a des mendiants à poste fixe, installés sur tel point de la voie publique, et qui transmettent leur établissement comme un office d’agent de change ou de notaire, mais parmi ceux qu’on nomme assez improprement pauvres honteux, il y a des dynasties de fainéants qui ont traversé 89 et 93 sans réduction de budget ; leur revenu fixe, invariable, est inscrit au grand-livre de la sensibilité publique.

Je signale l’abus, et pourtant je n’oserais dire : Finissons-en. La question est très-complexe, car enfin, pour tous les bons riches, donner est un plaisir, presque un besoin. Chaque fois que nous mettons la main à la poche pour secourir une infortune vraie ou feinte, méritée ou imméritée, nous nous élevons à nos propres yeux. L’économie sociale nous crie : « Il est juste de recevoir l’équivalent de ce qu’on donne. » Le cœur répond : « Il est doux de donner sans recevoir. »

Les raisonneurs et les calculateurs sont dans le vrai lorsqu’ils nous disent : « Un million partagé entre 400 000 individus donne à chacun 2 francs 50 centimes. C’est à peu près ce que chacun des assistés, s’il travaillait, pourrait gagner en un jour. Donner un morceau de pain à l’homme valide qui pourrait le gagner, c’est infirmer la grande et sainte loi : « Tu gagneras ton pain à la sueur de