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si je le jette, il sera sali et perdu. » Mais l’un des deux passants me donna une leçon salutaire en me disant : « S’il me plaît de lire un journal, je le payerai sur ma journée ; vous ne me devez rien. » Cet honnête homme, assurément, n’avait jamais mendié dans son enfance sur la grand’route qui traverse son village.

En signalant les défauts de la charité mal organisée, nous n’avons pas pour but de prêcher un contre-Évangile et d’interdire aux riches la pratique du bien. Il s’agit simplement de montrer que l’aumône pratiquée sans la plus grande circonspection va droit contre son but.

Il est louable et nécessaire que tous les travailleurs s’associent pour aider les enfants, les vieillards, les malades, tous ceux qui ne peuvent gagner leur vie en travaillant eux-mêmes. Un jour viendra, sans doute, où la prévoyance et l’épargne individuelle frapperont d’inutilité les hôpitaux et les hospices ; mais jusque-là la bienfaisance publique et la charité privée ont une noble tâche à remplir.

Ce que l’économie sociale combat comme un fléau, c’est le paupérisme entretenu chez les hommes valides par une aveugle charité. La banalité du don gratuit a érigé la misère en profession ; elle a créé le paupérisme héréditaire. Non-seule-