Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constitue une manœuvre frauduleuse. Tu as fait usage d’une fausse qualité en te faisant passer pour pauvre quand tu ne l’étais plus ! »

J’avoue pourtant que la mendicité deviendrait excusable aux yeux des économistes si les faux pauvres laissaient souvent à leur mort un capital de 100 000 francs. Leur mensonge, condamné par la morale, aboutirait en dernière analyse à un résultat utile. Qu’est-ce qu’un sou pour celui qui le jette dans la sébile du mendiant ? Presque rien ; qu’il le donne ou qu’il le garde, il n’en sera ni plus ni moins riche. Deux millions de pièces de cinq centimes éparses dans deux millions de poches ne représentent qu’un bien stérile, inerte : l’argent ainsi divisé ne produit pas, faute de cohésion. Rassemblez ces molécules et vous avez une somme, un capital, un instrument de travail. Celui qui, par un drainage honnête, extrairait deux millions de sous de deux millions de poches pour en former un capital de cent mille francs, rendrait service à la société, comme un métallurgiste habile qui saurait rassembler 100 kilos de limaille éparse dans les rues pour en faire un levier puissant.

Mais le paupérisme aboutit précisément au résultat inverse. Sauf quelques exceptions, les mendiants gaspillent au jour le jour le produit de