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Dans le monde riche, c’est la même chose et on travaille pour l’Amérique et puis faut bien s’habiller, mais les commandes importantes c’est toujours pour une date fixe en vue de la permission du soldat qui doit venir.

Et puis si vous saviez comme les Dames elles sont gentilles à l’essayage, quand on a les yeux rouges elles vous demandent gentiment : « Qu’avez-vous ma petite ? » « Il est à Verdun madame » « Le mien aussi » qu’elle vous répond. Et bien, monsieur Brieux, vous savez on ne sent plus qu’il y a des riches et des pauvres dans ces cas là.

Y aura toujours des vilaines femmes, mais nos maris, nos frères, nos fiancés ils ont pas à avoir du chagrin et à être jaloux car on se conduit bien je vous assure oh dites.

Mais voyez-vous on voudrait que, là-bas nos hommes soient fiers de nous comme nous on est fiers d’eux.

Nos poilus ne savent-ils pas, dit une autre, pour une femme indigène qui se laisse aller à la tentation du fruit défendu, il en est des centaines qui, fidèles à la foi jurée, ne vivent que dans l’espoir de l’heure bienheureuse qui les réunira à l’ « élu de leur cœur ». Il faut les en convaincre, celles-là sont la règle ; l’autre, l’exception. Pour les femmes sincères qui sont légion, le mari ou le fiancé parti représente tout le bonheur. De lui seul, il peut émaner. Le mari, le fiancé, c’est pour la femme sincère, loyale, véritablement éprise, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, en ces durs moments surtout que nous vivons.

Nous les aimions avant la guerre, maintenant nous les vénérons.

Ils représentent pour nous le droit, la vaillance, le courage, l’abnégation. Comment tant de vertus réunies ne triompheraient-elles pas de la force brutale ?

Nos protecteurs chéris, par leurs souffrances et leurs sacrifices, sauront nous épargner la souillure du joug infâme de l’ennemi. Ils ont dans notre cœur une place sacrée dont rien ne saurait les arracher.