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augmenter de quelques sous les ressources de la famille. Il en résultait donc que la plupart des ouvrières, n’ayant ni le temps ni les moyens de fréquenter l’école, étaient illettrées[1]. Placées dans de telles conditions matérielles et intellectuelles, il n’est pas étonnant que l’état de leurs mœurs fût en général déplorable. Beaucoup d’ouvrières restaient d’ailleurs honnêtes, mais il leur fallait pour cela un véritable héroïsme, car tout concourait à les pousser à la débauche. D’abord beaucoup d’ouvrières travaillant à des industries de luxe et passant une partie de leur vie au milieu des fleurs, des soies, des dentelles, arrivent par une pente toute naturelle à désirer jouir elles-mêmes de ce luxe qu’elles produisent[2] ; et lorsque le jeune homme de l’aristocratie, occupé sans cesse « à séduire la femme ou la fille du prolétaire[3] », lui offre ce luxe, elle cède sans grande

  1. D’ailleurs, s’il faut en croire Flora Tristan, le résultat était le même pour celles qui fréquentaient l’école, car, dit-elle, « les instituteurs ont ordre de développer l’intelligence des garçons plus que celle des filles ». (L’Union ouvrière.)
  2. Cabet, la Femme, p. 10.
  3. Ibid.