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sa vie politique et sociale. Cette vérité n’a pas échappé aux féministes de la monarchie de Juillet, et certains — peu nombreux d’ailleurs[1] — ont fait porter le principal effort sur l’amélioration du sort des ouvriers.

Celles-ci en avaient d’ailleurs grand besoin car, si la misère des ouvrières est encore à notre époque une des plaies sociales les plus profondes, il en était de même et plus encore sous la monarchie de Juillet. Que gagnait, en effet, une ouvrière au temps de Louis-Philippe ?

À cette époque, comme aujourd’hui, on pouvait distinguer deux sortes d’ouvrières : celles qui travaillaient chez elles et celles qui travaillaient dans des ateliers.

Dans l’une et l’autre de ces deux conditions, la misère des ouvrières est atroce. « Le sort des travailleurs, dit Boyer[2], est sans doute bien à plaindre ; cependant il n’est rien comparé à celui des ouvrières. Ici, les misères sont si grandes, les maux si déplorables que la plume se refuse à les reproduire. » Boyer,

  1. Boyer, Flora Tristan.
  2. De l’état des ouvriers, chap. iii.